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Je me revois encore, ce jour-là, assise sur ce fauteuil, CV froissé dans les mains, à attendre que la porte s’ouvre… le cœur battant. Des années plus tard, c’est moi qui faisais passer les entretiens, assise derrière le bureau, à scruter des dizaines de candidatures… à chercher le bon profil, la bonne énergie, la bonne rencontre. Puis un jour, j’ai pris un nouveau rôle, j’ai accompagné des apprenants, jeunes et moins jeunes, à se préparer à ces rendez-vous si cruciaux, comme lors d’un job dating dans leur établissement, où j’ai vu les visages s’illuminer… ou se crisper.
Avec le recul, cette triple expérience m’a appris une chose essentielle : un entretien d’embauche est bien plus qu’un échange de questions-réponses. C’est un moment de vérité, de projection, d’alignement. Et parfois, d’incompréhensions évitables…
Sommaire
Côté candidat : ce qu’on vit (vraiment)
On se prépare, on révise l’entreprise, on relit l’annonce. Il faut briller, mais pas trop. Seulement juste assez pour convaincre. On tente d’anticiper ce qu’on attend de nous. Et malgré tout cela, le résultat peut laisser un goût amer : entretien expéditif, recruteur froid ou absent, questions déstabilisantes, zéro feedback.
J’ai moi-même été déstabilisée par des recruteurs qui ne me regardaient pas, interrompaient mes réponses ou… semblaient ne pas avoir lu mon CV. J’ai eu des doutes terribles : ‘Est-ce que je compte, ici ? Est-ce que mon parcours a vraiment du sens ?’ Ces questions-là, je les ai portées longtemps.
Et pourtant, en tant que candidate, je suis venue avec espoir, avec envie, parfois même après avoir longuement hésité à postuler. Cela dit, l’entretien commence bien avant la rencontre : dès l’appel ou le courriel de convocation, dès la façon dont l’entreprise présente son besoin, sa culture, sa vision.
Et cela commence aussi avec la lettre de motivation.
La lettre de motivation : premier miroir des deux côtés
J’ai rédigé, lu, corrigé et conseillé des dizaines de lettres. Celles qui sonnent justes, personnelles, concrètes, et celles qui semblent sorties d’un générateur automatique.
Mais voici un fait : dans les grands groupes, bien souvent, ces lettres (et les CV) sont d’abord triés… par une IA. Oui, une intelligence artificielle qui cherche des mots-clés, qui classe, qui écarte. Avec ses forces, mais aussi ses travers. De très bons profils peuvent passer à la trappe faute d’un algorithme bien calibré.
Côté candidat : difficile de ne pas se sentir découragé.
Côté recruteur : comment garder l’humain, dans un processus devenu parfois mécanique ?
En tant que formatrice, j’encourage mes élèves à raconter une histoire, à donner du sens à leur parcours, à relier leurs motivations aux besoins réels de l’entreprise. Ce n’est pas seulement une lettre. C’est une première rencontre.
Pendant l’entretien d’embauche : quand chaque mot compte
Un entretien d’embauche, ce n’est pas une interro, au contraire, c’est une exploration. Et pourtant, beaucoup de candidats viennent stressés, déstabilisés, peu préparés.
En formation, je leur propose une méthode concrète : lire attentivement l’offre d’emploi et transformer chaque phrase en question potentielle.
Par exemple :
Annonce : « Autonome et rigoureux(se) » → « Pouvez-vous me donner un exemple d’une situation où vous avez travaillé en toute autonomie tout en respectant une procédure précise ? »
On anticipe. On se prépare. Et surtout, on relie notre parcours aux besoins exprimés.
Mais ce n’est qu’une moitié de l’équation. Et côté recruteur ? Trop souvent, j’ai vu des entretiens menés à la va-vite, sans réelle écoute, avec une posture rigide, voire dédaigneuse. Après tout, l’objectif n’est-il pas de trouver un allié, pas un subordonné ?
Les meilleurs recruteurs que j’ai rencontrés ? Ceux qui savaient poser des questions ouvertes, donner envie, transmettre la culture de l’entreprise tout en respectant profondément la personne en face, et en prenant le temps. Oui.
La posture dans l’entretien d’embauche : des deux côtés de la table
Je vous le dis franchement : un bon entretien d’embauche n’a rien à voir avec la perfection. Ce qui compte, c’est d’être là, vraiment. Présent. Aligné.
On peut être stressé, hésiter, ne pas tout savoir… mais si on est sincère, si on sait pourquoi on est là, la magie opère. J’ai vu des jeunes en job dating, tremblants au début, s’illuminer dès qu’ils parlaient de leur passion pour le soin ou l’accueil.
Et j’ai vu des recruteurs fondre quand un candidat posait la bonne question : « Qu’attendez-vous de la personne que vous recruterez dans les 3 premiers mois ? »
Recruter, ce n’est pas sélectionner un robot. C’est accueillir une histoire, une énergie, un potentiel.
Candidater, ce n’est pas quémander. C’est proposer une alliance.
Les bonnes pratiques : pour que ça matche vraiment
Candidats
- Préparez-vous comme un détective : que dit l’annonce ? Quels besoins faut-il combler ?
- Transformez chaque ligne de l’annonce en question potentielle, puis préparez des réponses concrètes.
- Racontez vos résultats, vos expériences, illustrez vos compétences avec des faits.
- Posez des questions : sur la mission, l’équipe, les attentes concrètes.
- Faites des recherches : entreprise, valeurs, enjeux stratégiques.
- Relancez après l’entretien d’embauche : un mail sincère, structuré, qui prolonge l’échange.
- Soyez vous-même plutôt que de jouer un personnage idéalisé. C’est ce qui crée la vraie connexion.
Recruteurs
- Prenez le temps d’accueillir, de regarder, de sourire.
- Préparez l’entretien : relisez les candidatures, donnez un cadre.
- Expliquez les enjeux du poste, les attentes, la culture de l’équipe.
- Ne jouez pas au tyran : on n’est pas là pour piéger mais pour construire.
- Pensez à votre image et marque employeur : un candidat mal traité, c’est une mauvaise publicité.
- Donnez un feedback, lorsque c’est possible : c’est rare, donc précieux.
Et si on changeait le regard ?
Un entretien, ce n’est pas un combat ni un test : c’est une rencontre.
Quand on ose être soi, quand on prépare avec justesse, quand on accueille avec humanité… alors quelque chose se passe. Même si ce n’est pas un « oui », ça peut être un bon moment, une connexion, une image positive.
Et parfois, cette image revient… plus tard. Car un bon entretien laisse une empreinte.
Alors, que vous soyez candidat, recruteur ou formateur : osez faire ce pas de côté. Écoutez. Ressentez. Soyez vrai. Parce qu’un bon entretien ne laisse pas qu’une réponse. Il laisse une trace.
En somme, c’est là que commence le vrai “matching”.